Il est des statistiques qui font mal : en s'inclinant hier contre Bordeaux, l'équipe de Paul Le Guen est entrée dans la petite histoire du PSG. Elle est la première, en effet, à ne pas avoir gagné un match au Parc des Princes après les cinq premiers rendez-vous du championnat. Avec deux défaites (Lorient, 1-3 ; Bordeaux, 0-2) et trois nuls (Sochaux, 0-0 ; Lille, 1-1 ; Marseille, 1-1), Paris fait « mieux » que le PSG 1978-1979 qui avait justement dû attendre la cinquième levée pour vaincre porte d'Auteuil (4-0 contre Bastia).
A la fin du match, le Parc a sifflé, bien sûr, mais sans en rajouter. Parce que le Paris-SG s'est battu du début à la fin, a bien joué par séquences et que son chouchou, Pauleta, entré en fin de partie, a touché la barre. Peut-être aussi par fatalisme après cinq matches à domicile sans victoire (record battu), concluant quatre mois de disette. La dernière victoire du PSG au Parc remonte désormais au 19 mai, face à Troyes, aujourd'hui en L2. On peut aussi avancer l'hypothèse d'une certaine culpabilité collective courant dans les travées. Après tout, le fameux "syndrome du Parc", une nouvelle fois brandi par Paul Le Guen pour expliquer la défaite de dimanche, brosse en creux le portrait peu avenant d'un écrin et d'un public inhibiteurs. «J'aimerais qu'on donne satisfaction à notre public. On le sent déçu. Alors il faut travailler. Les corps et les têtes. Parce que ça compte aussi, les têtes». Convaincu que le mal est avant tout psychologique, l'entraîneur du PSG a répété en salle de presse ce qu'il y dit depuis des semaines. Que «certains» joueurs sont moins performants à la maison qu'hors de leurs bases, qu'il faut les protéger et leur redonner confiance. Mais encore ?
Blanc sceptique
Le Paris 2007-08 cultive un autre paradoxe, tactique celui-là. En résumé, plus il a le ballon, moins il gagne - et inversement. Les victoires à Monaco (2-1) et au Mans (2-0) ont dessiné le profil d'une équipe de contre, comme l'AJ Auxerre des meilleures années. Mais la recette ne fonctionne pas au Parc, où le PSG s'évertue à prendre le jeu à son compte, sans savoir toujours contourner les défenses renforcées et laissant trop d'espaces entre ses lignes. Dimanche, l'équipe parisienne a encore brouillé les cartes, sa prestation ne s'inscrivant dans aucun de ces deux schémas. Les coéquipiers de Jérôme Rothen n'ont ni monopolisé le ballon ni réussi à se projeter vite vers l'avant à la récupération. «J'avais lu que le PSG voulait jouer comme Auxerre, ça tombe bien parce que moi j'y ai joué, à Auxerre,» s'est amusé Laurent Blanc. Pour l'entraîneur girondin, nul mal mystérieux n'explique la défaite des Parisiens. «Vous pouvez peut-être affirmer que le syndrome du Parc existe, a-t-il lancé aux journalistes, mais je pense sincèrement que Bordeaux a mieux joué au football que le Paris-SG et qu'il méritait sa victoire.» Le film du match ne dément pas cette appréciation. Le syndrome, cette fois, semble avoir bon dos.
Luyindula maladroit
Le PSG s'est procuré ses meilleures situations en début de match sur des ballons récupérés grâce au pressing très haut exercé par Diané (1ere), Frau (4e) ou Digard (7e), laissant entrevoir une tactique de harcèlement proche de celle qui avait payé lors des deux victoires du PSG à l'extérieur. C'est encore un ballon chipé par Mendy dans la surface bordelaise qui a offert une occasion en or à Luyindula, mais la pointe parisienne a gâché l'offrande à bout portant (22e). Entre-temps, Bordeaux avait ouvert la marque par Micoud (9e) et fait au moins jeu égal dans la possession de balle, y compris dans le camp parisien. Le deuxième but inscrit juste après la pause par Bellion (46e) a obligé les Parisiens à basculer dans un système à trois défenseurs sans pour autant leur offrir la maîtrise du milieu, où les Bordelais, dans le sillage de la triplette Fernando-Micoud-Jussiê, ont mis le pied sur le ballon le plus clair du temps. Battu à la régulière, le PSG a davantage manqué d'arguments techniques et tactiques que de volonté et d'envie. Il faudra des uns et des autres pour venir à bout de Rennes, prochain visiteur du syndrome. Pardon, du Parc des Princes.